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Québec, Canada
En année d'étude en Maîtrise de Journalisme International à l'Université Laval. Et après...

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vendredi 11 avril 2008

Le vélo l'hiver (1/3) : la conduite



Dans les bonnes surprises de mon passage à Québec, il y a le vélo. Le vélo, je précise : l'hiver. Oui je sais ça fait rire les Québécois mais que de bons souvenirs avec Groquik, mon vélo, sous la neige.

Il y a d'abord eu la découverte. Émue. Un beau petit vélo jaune à double suspension avec son cadre effilé. Un peu rouillé, un peu abîmé, mais 'stie qu'il avait de l'allure mon beau vélo jaune !
Les vitesses un peu dures... Qu'à cela ne tienne, je me ferais les bras, m'étais-je dit en sortant les soixante-cinq dollars qu'en demandait sa propriétaire. 

Une affaire en fait : les freins étaient bons. Enfin pas tant que ça mais quand même. En moins d'une semaine, je fais réparer les vitesses et je récupère des câbles et un patin neuf : le précédent était limé jusqu'à l'acier. 30$ environ. Ça va encore.

Surtout qu'après c'est des journées de bonheur et de galères qui sont tombées avec les premières neiges. Car soyons francs, il faut aimer ramer pour sortir un vélo ici et à cette période. 

Je me souviens, mes premiers tours de roues dans la poudreuse. Ces intenses glissades sur la glace ou les pédalages dans la semoule quand la neige est trop abondante. J'ai d'ailleurs rapidement compris qu'en dégonflant les roues on augmente la portance et qu'il vaut de toute façon bien mieux passer la glace à vélo qu'à pied : étonnamment, c'est plus stable. 

Et puis on apprend vite : pas de coups de freins intempestifs. Toujours plus du frein avant que de l'arrière pour moins déraper. Toujours vérifier ses freins à l'abord des grandes côtes du centre-ville. Jamais de coup de guidon. Toujours tout en douceur.

Avec les automobilistes aussi il faut être doux et patient. Les québécois sont des gens adorables. Vraiment accueillants et serviables. Mais sur la route, l'hiver ce sont des tueurs nés. Un battement de cil, un geste d'impuissance parce qu'ils vous barrent la route sans prévenir, et les voilà qui vous foncent dessus avec leurs gros pick-up et deux roues intimidantes sur le trottoir. Des fous furieux... 

Là-aussi, j'ai vite appris : le moins de route possible et, quand je n'avais pas le choix : en plein milieu histoire de s'imposer et de les obliger à doubler large (merci Sam pour le conseil). Et s'ils râlent, bus ou autres, on fait semblant de rien (ce qui ne m'a pas empêché de répondre comme un parisien à un crétin de chauffeur de bus qui ne comprenait pas que je lui prenne son couloir, mais c'était une exception : il y avait trop de témoins pour qu'il puisse se venger).

En fait, les Québécois ne comprennent simplement pas que l'on puisse rouler l'hiver. Ce qui m'a valu une intéressante discussion avec un chauffeur de taxi à qui je soufflais à demi-mot qu'il était un gros con avec ses "les vélos, on en veut pas" pendant que Maman me broyait le pied pour que j'arrête de titiller la bête. D'habitude ils sont un peu plus malins que par chez nous les chauffeurs de taxis, mais celui-là n'avait pas l'air très fini. Et puis globalement, on vous le fait bien sentir : l'hiver, ne sortez pas votre vélo.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu dois avoir un roman à écrire autour du vélo, non ? Entre les glissades sur les pentes des Plaines d'Abraham, les flaques, les conditions climatiques, le regard des québecois, plus mordant que le froid, les sensations multiples, ça ressemble à un grand pied quotidien...