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Québec, Canada
En année d'étude en Maîtrise de Journalisme International à l'Université Laval. Et après...

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dimanche 13 juillet 2008

Bonne chance mon homme !

Voilà une semaine que j'ai mon bras en écharpe et que je rencontre plein de monde. Comme ce voisin qui engage la conversation parce que je galère près des douches. Avant, on s'était souvent croisé mais jamais parlé. Ou tous ceux qui, à un moment ou à un autre m'ont donné un coup de main et avec qui désormais j'échange un salut amical. Les inconnus aussi, qui ont toujours un petit mot gentil. "Bon courage, mon chum (pote) !" me disent souvent les gars de mon âge. "Bonne chance, mon homme !" s'autorisent plutôt les femmes âgées. Par curiosité ou réelle sympathie, mon épaule jaunissante (et souvent a l'air libre, elle chauffe un peu) avec la petite bosse de la fracture, attire l'oeil. 
Alors bien sûr, ça n'empêche pas quelques doux égoïstes de la scruter peu discrètement (surtout les grosses plaies au flanc avant qu'elles ne cicatrisent) et de tourner bien vite la tête en me voyant me débattre avec la main courante du bus quand eux sont bien assis. 
La pire démonstration d'égoïsme, c'était en début de semaine, dans le festival d'été de Québec. On cherchait à rentrer chez nous avec des amis en se frayant un chemin dans une foule grossissante quand on s'est retrouvé bloqué à des barrières de police comme beaucoup d'autres qui tentaient une sortie. Il a fallu que je prétexte un malaise pour qu'une mégère me laisse accéder au policier en faction (qui lui, a bien voulu me laisser passer). Bien sûr, je ne tournais pas de l'oeil à ce moment-là, mais allez expliquer en quelques secondes que les anti-douleurs vous assomment et que vous ne pouvez pas vraiment rester agglutiné à une foule qui s'excite avec une fracture fraîche de quelques jours. Le flic l'a compris tout de suite, lui, mais quand l'autre a recommencé à s'exciter parce que je faisais passer mes amis, je l'ai copieusement injurié en soulevant mon T-Shirt pour qu'elle voie l'attelle et les plaies bien rouges, un peu comme comme on brandirait un crucifix à un vampire. Ça l'a calmé et je pense que ses voisins ont dû gentiment lui faire comprendre qu'elle aurait mieux fait de se taire.  

Une amie me demandait quelle leçon je tirais de mon accident: je pense que les blessures rapprochent. En situation d'inconfort, le troupeau retrouve un comportement grégaire du tous pour moi et moi tout seul mais individuellement, les gens sont capables de sincères élans de gentillesse. Comme Yves, qui avait l'air de s'être installé dans l'abribus après être "tombé" de l'autre côté de la rue quelques jours auparavant. Visiblement, il avait besoin de parler un peu, et deviser sur nos blessures de guerre était un bon prétexte. Alors quand on s'est quittés parce que le bus arrivait, il m'a lâché une grande claque amicale sur l'épaule (la mauvaise évidemment) avant de se reprendre aussitôt dans un touchant "Oh pardon !" en se mordant confusément les lèvres en me voyant m'affaisser par réflexe pour amortir le contact. Curieusement, son geste m'est allé droit au coeur.
Mais le plus exceptionnel de tous, c'est Réal. Réal doit avoir la quarantaine et attend dans les pavillons de l'université (qui fait hôtel l'été) que son appartement soit peinturé (peint en Québécois). Il travaille dans le milieu de l'orthopédie et déploie beaucoup d'énergie à atténuer ma douleur (qui n'est pas franchement terrible) depuis qu'il a croisé mon épaule. Lui aussi donne l'air de se sentir un peu seul à sa manière très franche de lier contact mais il est particulièrement gentil et attentionné. Chaque fois que je l'ai croisé, il m'a donné autant de conseils qu'il pouvait, examinant avec minutie la posture de mon épaule basse et l'évolution de ma guérison. Il a même été jusqu'à me proposer un lift pour les visites à l'hôpital. Et quand aux cuisines il avait deux bananes en main, il me les a offert avec beaucoup de gentillesse. Mais le "pire", c'était quand il m'a dit "bouge pas, je vais te faire une surprise..." Avant de revenir 10mn plus tard avec un cookie moelleux et un coca bien frais. D'habitude je n'aime pas les boissons gazeuses mais celle-ci, je l'ai vraiment apprécié (je commence à prendre goût à plein de trucs en ce moment), empêchant mes amis de finir à ma place la bouteille.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ohhhhhhhhhh!! T'as l'air tout penaud, avec ton bras en écharpe et tes cheveux de militaire... On a envie de te cajoler, petit homme blessé...
(Par contre je constate que ton régime alimentaire, lui, n'a pas bougé d'un poil!! A part peut-être le coca...)

Anonyme a dit…

T'as raison, Raph : on aura tout vu ! Thom buvant du Coca...
A part ça, ils ont l'air bien sympa, tes copains, à te donner de grandes bourrades dans les épaules pour te réconforter. Tu as vu : j'ai résisté, pendant que tu étais là. Je n'ai pas fait comme mon fils, qui, lui, ne se serait pas privé de venir m'asticoter et me demander si j'avais mal, juste làààà...